Un conseiller raconte

 

Pascal - Conseiller ACE

" Il ne suffit pas toujours, hélas, de traverser la route pour trouver un emploi et la route est souvent tortueuse ..."

 

Accompagner des chercheurs d’emploi demande persévérance pour le candidat à l’emploi bien sûr, mais aussi pour l’accompagnateur. Comme mes collègues et amis, les conseillers d’ACE, j’ai connu et connais des moments de frustrations. Il ne suffit pas toujours, hélas, de traverser la route pour trouver un emploi, et la route est souvent tortueuse.

Il arrive heureusement aussi des moments de grandes satisfactions qui réconfortent notre esprit de persévérance.

L’ACE accompagne des chercheurs d’emploi sans distinctions, jeunes, moins jeunes ou seniors, diplômés, qualifiés ou non, français ou non. La base de notre travail consiste à définir avec le candidat à l’emploi son projet professionnel, l’aider à formaliser CV, lettre de motivation, à rechercher les offres d’emploi sur les sites, à répondre à ces offres … et attendre une réponse.

Nous sommes aussi et surtout confrontés à la complexité et à la diversité humaine : fragilité des femmes et des hommes dans leur parcours personnel.

Martial a dépassé la trentaine. Armé d’un bac professionnel, il fait partie des personnes qui cherchent un boulot sans réelle motivation pour une spécialité professionnelle. Il a fait et essayé des "petits boulots" avec quelques trous dans son CV et le temps a passé. Martial entre deux boulots est quasiment sans ressources, à la limite du RSA qu’il ne touche pas ... par méconnaissance des rouages administratifs.

J’ai connu Martial car il était gardien remplaçant dans ma copropriété et était très avenant avec chaque résident. Il m’a contacté pour un accompagnement et cherchait toujours des petits boulots plutôt dans la grande distribution. Dans mon esprit, "petits boulots" n’est pas péjoratif : ils sont surtout "petits" car ce sont souvent des jobs de remplacement et de courte durée donc précaires.

Mais lorsqu’on regarde les offres d’emploi dans ces secteurs de la restauration ou de l'aide à la personne, beaucoup demandent une première expérience, certaines un diplôme, quelquefois les deux.

Que faire pour lui ouvrir le marché du travail dans l’aide aux personnes, sans formation et sans expérience directe dans cette spécialité ? 🤔

En tirant le fil de mes recherches, j’ai pu accéder à différentes fiches métier. Pour la première fois, j’ai senti un intérêt de sa part et l’esquisse d’un projet professionnel qui dépassait le simple "besoin alimentaire".

ACE a depuis longue date, des relations avec Pôle emploi. Nous avions récemment rencontrés un des responsables d’une agence que j’ai contactée pour en savoir plus sur les moyens de financer une formation. Celui-ci m’a parlé de "défi-métiers" spécialisé dans les offres de formation … et bingo, j'ai trouvé une formation DEAES subventionnée, qui commençait … dans cinq jours. Malheureusement, lors de mon appel à l’organisme, j’apprends que la réunion d’informations avait eu lieu deux heures avant mon appel. La prochaine session avait lieu dans un an.

Martial a posé sa candidature à cette formation le jour même, a eu une réunion d’informations de rattrapage après une candidature que nous avons rédigée dans la précipitation. Après un entretien avec l’organisme, il est reçu pour cette formation qui commence dans deux jours, qui dure 570 heures et est suivie d’un stage.

Martial a retrouvé un gros moral et va suivre, me dit-il, avec enthousiasme sa formation. 💪🏼

Il n’a pas encore un emploi et devra trouver auparavant un stage que l’organisme ne lui garantit pas. Mais, convenons que si la formation se passe bien pour lui, ce serait un comble de ne pas trouver un stage … dans un métier qui manque de bras."

 

Le 4 Décembre 2021